Day: novembre 20, 2020

  • Débuter en photo culinaire

    Vous voulez vous lancer plus sérieusement dans la photographie culinaire mais vous sentez un peu perdu·e ? Cette série d’articles vous est dédiée. Aujourd’hui nous allons voir quels sont les éléments indispensables à acquérir (pas forcément tous en même temps) pour se lancer. 

    Avant de parler technique ou créativité, il est primordial de passer en revue le matériel nécessaire. Le sujet est vaste et je pourrait vous en parler pendant des heures, mais voici un résumé de ce que je vous recommande.

    MATERIEL PHOTO

    Pas besoin d’un studio tout équipé pour débuter. Mais quelques incontournables, bien choisis et qui pourront durer. 

    S’il est possible de prendre des photos avec un téléphone, je pars du principe que le seul appareil dédié et adapté à la photographie est un appareil photo. C’est mon petit côté vieille école. 

    On trouve des reflex à tous les prix, les modèle d’entrée de gamme sont aujourd’hui à la fois très abordables et performants. Un boitier pro, plus cher, n’est pas forcément un bon investissement quand on débute : ses fonctionnalités plus poussées ne vous offrirons pas de meilleures images si vous ne maîtrisez pas la lumière et la composition. Vous avez peut-être déjà entendu parler de « full frame » ? Les reflex peuvent avoir deux types de capteurs : le « plein format » (en référence à la taille des films 24×36 mm des reflex argentiques sur lequel les capteurs numériques ont été basés ) ou un format plus petit dont le plus courant est l’APS-C. La taille du capteur a une importance : avec le même objectif, un capteur APS-C n’aura pas la même distance focale (un objectif de 50 mm sera par exemple équivalent à un 80 mm, résultat : le sujet sera grossi ou rapproché). Il existe des optiques dédiées aux capteurs APS-C, dont la focale est souvent donnée en « équivalent 24×36 » qui ne fonctionnent qu’avec ces capteurs. Si vous débutez avec un capteur APS-C et optez pour des optiques dédiées, il faudra en changer si vous passez un jour au full frame. Depuis quelques années, les constructeurs de boitiers photo délaissent le reflex pour les hydrides haut de gamme (et moyenne gamme), les boitiers sont plus légers et petits car on supprime le système de visée reflex, son prisme et son miroir, mais la qualité du matériel et des images sur ces boitiers continue d’augmenter. Canon et Nikon arrêtent définitivement les reflex, mais les optiques peuvent être utilisées sur les boitiers hybrides grâce à une bague d’adaptation.

    DSLR = Digital Single Lens Reflex 

    Quelques cartes mémoire (Compact Flash ou SD selon votre boitier) seront nécessaires pour stocker vos photos lors du shooting. Leur coût étant au fil du temps de plus en plus abordable et les fichiers de plus en plus lourds, je vous conseille d’investir dans 2 ou 3 cartes de 32 ou 64 Go qui vous permettront aussi de stocker de la vidéo (et vous éviteront de devoir vider vos cartes trop souvent). Si vous faites de la vidéo, choisissez des cartes adaptées à sa pratique avec une capacité de stockage importante (128 ou 256 Go), une vitesse d’écriture et de lecture élevée (V90, U3, C10). Si vous n’avez que des vieilles cartes mémoire il faudra investir si vous voulez faire de la vidéo (en photo c’est moins gênant). Les cartes plus performantes sont plus chères (mais le prix du stockage a tendance a baisser avec le temps – il y a 15 ans un disque dur externe de 100g0 coûtait 100€ !)

    Vous aurez peut-être besoin également d’un lecteur de carte, selon votre configuration informatique et votre type de boitier.

    Optiques c’est l’autre petit nom des objectifs. Il en existe deux sortes : les focales fixes et les zooms. Les focales fixes ont comme leur nom l’indique (roulement de tambour), une focale fixe (24 mm, 50 mm, 80 mm etc). Les zooms offrent une plage qui s’étend d’une focale à une autre par exemple  24-70 mm, 70-200 mm. Certaines optiques sont dites macro : elles permettent de photographier de près. Une très bonne option pour démarrer en photo culinaire est le 50 mm. Il correspond à la vision humaine (il ne rapproche pas le sujet, ni ne l’éloigne comme le ferait un grand angle) et permet de réaliser des images variées. Les premiers prix peuvent offrir des optiques très correctes comme le 50mm de Canon qui ouvre à f/1.8 et coûte moins de 120 €.

    Le trépied permet de fixer l’appareil. Les avantages sont multiples. Une fois votre angle de vue calé, vous gardez le même sur toutes les photos (il est quasi impossible de retrouver un point de vue à main levée). En cas de faible luminosité, vous pouvez faire une pose longue et ne pas toucher aux ISO ni à l’ouverture choisie. Le trépied est surmonté d’une rotule sur laquelle on vient fixer le boitier (l’autre petit nom de l’appareil photo) . Il existe des rotules 3D avec 3 manettes qui permettent chacune de bouger dans une direction à la fois et des rotules montées sur une boule, où l’on peut bouger l’appareil plus librement (mais avec moins de précision). 

    Un diffuseur pliant est un basique à avoir impérativement. Comme son nom l’indique il diffuse la lumière et permet de l’adoucir, de donner du modelé aux formes et d’éviter les contrastes trop fort ou des ombres trop marquées. Budget = 25-60€ selon la taille pour une marque premier prix. Il se replie comme une tente Quechua et peut se ranger très facilement, idéal quand on shoote dans son salon !

    Conseil : préférez les diffuseurs ovales ou rectangulaires si vous avez la place de les stocker et avez de grandes fenêtres. 

    Un réflecteur blanc vous permettra de déboucher les ombres et atténuer les contrastes, mais également de ramener de la lumière sur une partie de votre sujet qui en manquerait. Il existe des réflecteurs pliants (certains font d’ailleurs également diffuseurs) mais la récup et le fait maison vous permettront quelques économies (et personnellement je trouve que les réflecteurs pliants sont peu pratiques à l’emploi). Ce qu’il vous faut c’est une surface blanche. Plaque de polystyrène, carton plume, carton peint ou recouvert de papier blanc feront de parfaits réflecteurs. 2 réflecteurs de taille moyenne ( 30 x 50 cm ) et un grand (format raisin ou plus) seront parfaits.

    vaisselle blanche
    Marie Laforêt - photographe culinaire vegan - décourvrir photo culinaire

    Le terme stylisme désigne à la fois les accessoires, le fait de styliser le sujet de la photo et quand on parle de stylisme culinaire, de réaliser le plat ou préparer le sujet de manière à le rendre photogénique. Là encore, un vaste sujet qui ne sera ici qu’effleuré pour parer à l’essentiel.

    STYLISME

    Vous n’avez pas de placards remplis de belle céramique et d’accessoires vintage ? Pas de panique !

    En matière de stylisme il y a aussi des indispensables, des basiques, qui vous suivront pendant longtemps.  Pour vous éviter de dépensez inutilement de l’argent, j’y ai ajouté quelques conseils.

    La vaisselle blanche est LE basique indémodable, qui va avec tout et met facilement en valeur la nourriture. Neutre par excellence c’est la couleur à choisir si vous hésitez. Pour plus d’effet, optez pour des textures rugueuses, de la céramique, des formes légèrement irrégulières pour éviter le côté trop « clean » et « clinique » du blanc tout en gardant son aspect minimaliste.

    A éviter : les surfaces trop brillantes qui sont un enfer à shooter, les assiettes trop grandes, les motifs dont on se lasse vite, les couleurs criardes, et les formes trop géométriques (oubliez les assiettes carrées).

    Ce sont les accessoires essentiels qui vont vous aider à construire votre histoire visuelle. Ils vont simuler une table, une ambiance « comme dans la vraie vie » (même si dans la vraie vie, personne ne pose une assiette sur un torchon… ). Il n’est pas nécessaire d’en avoir une tonne, mais d’avoir les bons basiques : du blanc, du gris, des tons froids (qui mettent mieux en valeur la nourriture) et des matières nobles comme le lin pour les tissus, des verres aux belles lignes, des couverts patinés à chiner en brocante pour pas cher.

    A éviter : les imprimés tendance que vous ne réutiliserez pas passé 6 mois, les couleurs trop vives, les verres ou couverts trop grands ou trop imposants.

    Ah les fonds photos… Quel photographe culinaire ne rêve pas de trouver LA vielle planche parfaite au coin de la rue ? Et bien en fait c’est possible ! Même en ne vivant pas à la campagne. J’ai trouvé certaines de mes vieilles planches aux encombrants, vous pouvez aussi faire un tour en déchèterie. Soyez à l’affut ! Vous pouvez réaliser des fonds vous même à l’aide de planches peintes ou utiliser des chutes de parquet en bois. Il existe également des fonds photo en vinyle, papier ou tissus qu’il suffit de dérouler et qui imitent le bois, le béton, le marbre etc. Enfin, une table, un plan de travail, du tissu avec une jolie trame ou un fond papier uni font également d’excellents fonds pour les photos.

    Mon conseil : optez là aussi pour des couleurs neutres : blanc, gris, bois, noir. Les fond colorés vont renvoyer de la couleur sur la nourriture donc gare aux couleurs vives.

    Les ingrédients peuvent aussi être des éléments du stylisme et participent à raconter l’histoire de la recette. Fruits & légumes, aromates et épices viendront agrémenter votre mise en scène. Les fleurs et le feuillage créeront une ambiance naturelle et onirique et aideront à rappeler les saisons.

    Planches à découper, vieilles plaques de cuisson en métal, objets patinés par le temps, vieux ustensiles etc, vont donner du relief et apporter de l’authenticité à vos photos. Je les inclus dans les indispensables pour débuter car chiner permet se constituer au fil des années un fond de stylisme unique avec un mini budget. 

    Attention je vous préviens : vous ne ferez plus jamais les brocantes pareil !

    Débuter en photo culinaire
    Retouches photos

    POST-PRODUCTION

    Avec les fichiers numériques tout comme en argentique, il faut développer sa photo et l’interpréter avant de la montrer sous sa forme définitive. 

    Pour cela, on peut utiliser différents logiciels. Je vous parle ici des deux logiciels les plus utilisés et les plus faciles d’accès, Lightroom et Photoshop, qui sont accessibles ensemble en abonnement pour 23,99 € / mois .

    Lightroom est un logiciel de traitement photo.

     Il peut être utilisé seul ou au préalable de Photoshop. Il sert à la fois de : logiciel de capture et permet de shooter connecté à son ordinateur ; logiciel de gestion des photos avec sa bibliothèque qui permet d’importer les images et de les indexer ; logiciel de traitement d’image complet puisqu’il permet de développer les fichiers RAW et appliquer les réglages de son choix, y compris via des presets et d’exporter les photos. Ce n’est cependant pas un logiciel de retouche photo à proprement parler.

    En bref : Lightroom permet de capturer, sélectionner et traiter rapidement les photos d’une même session sans devoir ouvrir les photos individuellement comme dans Photoshop, il permet de travailler de manière localisée sur les photos notamment grâce aux masques, mais ne permet pas de retoucher réellement ni de faire des montages.

    C’est le premier logiciel de retouche photo et il est toujours considéré comme LA référence. Il intègre depuis 2023 des fonctions de remplissage génératif piloté par une IA.

    Il offre des outils et des fonctionnalités bien plus poussés que Lightroom qui permettent d’effectuer des retouches localisées complexes et des montages. Il contient le plug-in Camera Raw qui permet de développer les fichiers raw et d’appliquer des premier réglages avant développement du fichier, comme l’onglet « Développement » de Lightroom (mais avec moins d’options). 

    On peut l’utiliser seul (ce que les photographes faisaient avant l’apparition de Lightroom) mais Lightroom permet de gagner du temps lors de l’editing et du développement. Parfois le traitement dans Lightroom peut suffire à une image, mais Photoshop permet d’aller beaucoup plus loin grâce aux calques et masques de fusion, fluidité ou aux outils qui permettent de dupliquer des textures et il serait dommage de s’en priver ! Photoshop est pour moi un incontournable et toutes les photographes que j’ai accompagné ces dernières années et qui ne l’utilisaient pas sont devenues de vraies fan malgré de grosses réticences au départ pour certaines.

    Utiliser ces logiciels demande d’avoir un ordinateur avec un peu plus de RAM que pour faire du traitement de texte et également une carte graphique pas trop dans les choux. 

    Les photos, surtout les images en PSD (Photoshop Document) et en haute définition, ça prend de la place ! Vous aurez donc certainement vite besoin d’investir dans un disque dur externe avec une bonne capacité ( plusieurs Go) pour les stocker. C’est également le cas si vous faites de la vidéo, où un disque SSD (qui stocke sur de la mémoire flash et est donc plus rapide) vous sera très précieux pour stocker vos rushs et fichiers de travail.

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